mercredi 26 août 2015

Suzanne et les vieillards Stanzione



1630-1635

Titre original: Susanna e i vecchi
Titre français : Suzanne et les vieillards

Auteur: Massimo Stanzione

Lieu d'exposition permanente: Stadelmuseum, Francfort 
Exposition L'âge d'or de la peinture à Naples, Musée Fabre été 2015

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Belle exposition durant cet été 2015 au musée Fabre : "L'âge d'or de la peinture à Naples" permet d'avoir un superbe et excitant aperçu de ce que cette ville a pu offrir aux XVIe et XVIIe siècles.

Et parmi ces peintres qui ont suivi Le Caravage ou plus généralement ont épousé les grands traits du baroque, il y en a un qui m'a tapé dans l'œil. Massimo Stanzione est un caravagiste affirmé. Cette toile le prouve très précisément d'ailleurs. Comme je l'ai déjà signalé à propos de la "Suzanne et les vieillards" de Carracci, le thème abordé par Stanzione est récurrent dans l'histoire de l'art. Je crois même qu'il existe une autre Suzanne exécutée par Stanzione. On estime que celle-ci a été peinte entre 1630 et 1637.

C'est peut-être ma Suzanne préférée. Je ne la trouve pas spécialement érotique, bien que sa poitrine soit dénudée, mais par rapport à celle de Carracci, elle l'est davantage. Indéniable. Ce qui me plait chez elle est délicat à définir. Mais l'on peut d'ores et déjà dire sans crainte de se tromper que la maîtrise technique est beaucoup plus sûre. Son réalisme, héritier du vérisme caravagesque, se lit aussi bien dans la coiffure pour le moins anarchique du vieillard de gauche que dans le visage incroyablement beau et fin de Suzanne.

Le spectacle est violent. La main droite de Suzanne repousse celle du vieillard central qui tente de la dévêtir complètement. La position de cette blanche main sur celle du vieux à la couleur ocre, terreuse, sale, au hale qui se confond avec sa manche, cette position écartée est toute crispation, toute horreur. Ainsi s'accorde-t-elle de façon tellement géniale avec la posture de tout le corps que l'ensemble est parfait de cohérence.

Surtout, ce visage oblique par rapport au corps, ce regard apeuré, presque figé par l'effroi, cette bouche fermée, rétrécie par l'immonde perspective, cette figure au front si blanc de pureté me transmet automatiquement l'espèce de révulsion qu'éprouve le personnage. Admirable représentation du dégoût! Quelle maîtrise !

Par rapport au tableau de Carracci qui formait un ensemble homogène où chaque personnage ne vaut que par la présence des autres, cette Suzanne se suffit à elle-même. Sa blancheur éclate, et de fait, scinde le tableau en deux, mais on garde l'œil scotché à la partie droite, tant la panique et la pureté de la demoiselle sont impressionnants. On partage son frisson.

Alors que la fontaine de Carracci avait une place non négligeable, Stanzione ne semble pas y accorder autant d'attention. Le fond du décor est tout aussi anecdotique. Le peintre se concentre uniquement sur sa Suzanne et les deux vieillards, sur cet instant, cette seconde photographiée (il n'est pas caravagiste pour rien) où la proposition indécente est faite de manière assez violente pour accentuer le trouble de la jeune femme. Comment ne pas vouloir courir à son secours, être Daniel et sauver la fragile dame?

Je trouve cette Suzanne adorable et l'équilibre général de la peinture est une merveille ! J'adore ! 

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