vendredi 3 avril 2015

Trois masques kiiappaat



1934

Trois masques kiiappaat

Artiste(s) inconnu(s)

Culture ammassalimiut. Groenland côte orientale, district d'Ammassalik. 

Bois, peau de phoque, peau de chien, fourrure, lanière, os.

Notice Musée du Quai Branly






Parmi les nombreuses œuvres du musée du quai Branly qui m'ont interpellé, j'ai remarqué celles des cultures nordiques nord-américaines, d'Alaska, du Canada ou du Groenland. Et ma propension à rester planté devant n'a pas cessé depuis.

J'ai adoré. Devant la grande liberté de ton, dans les formes, dans les expressions, la belle variété de "proposition" comme on dit aujourd'hui pour parler de création artistique, d'invention, je suis resté baba.

Comme tout bon connard ethnocentré sur ce qu'il connaît à peu près, je ne m'attendais pas à une pareille richesse créatrice. Pour cette seule raison, la visite du musée du quai Branly devrait être obligatoire, remboursée par le ministère du plomb dans la tête. Il n'y a bien évidemment aucune raison pour que les groenlandais ne soient pas aussi géniaux que les méditerranéens. "Évidemment"? Hé bien non, il m'aura fallu avoir le nez dedans pour me rendre compte. Même en moi qui suis plutôt ouvert, un relent de racisme occidental a produit cette surprise qui n'aurait pas dû être.

Toujours est-il que le style "américano-polaire" de ces masques se retrouve dans ces régions, même si elles sont très éloignées les unes des autres. Ce style pourrait être qualifié de très libre, très expressif. L'objectif est sans doute de faire peur ou de faire rire. L'élan initial est discutable a priori. Les faces sont difformes très souvent. Les bouches ouvertes hurlent, montrent les dents. Les humanoïdes sont-ils humains? Pas sûr.

Je ne connais pas l'histoire, le sens de ces trois masques. Je me contente pour le moment de les regarder, d'en subir plutôt joyeusement l'extravagance des rictus et des lignes. J'y vois sans doute davantage le travail de l'artiste que la manifestation sacrée ou spirituelle bien entendu. Peut-être suis-je complètement à côté de la plaque ? Ce n'est pas grave. Ce qui compte à mes yeux, c'est qu'à chaque fois que je vais dans ce musée, je ne loupe pas une occasion d'apprécier leur présence grotesque, perturbante, rieuse ou un peu effrayante. Je les aime. Il y en a beaucoup. Une foule de visages qui peuvent vite devenir familiers. Je n'en mets que trois ici, mais ils auraient pu être pléthoriques.

On se croirait dans un Tex Avery ou dans un Picasso. La représentation de la réalité est sans limite semble-t-il. Elle essaie peut-être de garder une certaine linéarité si je puis dire. Néanmoins, ces lignes se brisent, se distendent, se tordent, se fuient pour finalement se retrouver.

Farce ou exorcisme, exutoire ou effroi? Quel pouvoir est en jeu? Que peuvent bien cacher ces masques ? Tiens, rien n'y fait ! Il faut toujours que la curiosité ramène sa fraise et pose son "pourquoi". Voilà le voyage que je n'ai pas encore fait avec ces masques, la recherche de leur sens véritable, historique, ce qui en fait leur définition réelle et non plus fantasmée. Peut-être un jour?

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