mardi 4 octobre 2011

Gladiator



2000

Cinéaste:Ridley Scott
Comédiens: Connie Nielsen -Joaquin Phoenix -Russell Crowe -Oliver Reed -Richard Harris -Derek Jacobi


Notice Imdb
Vu en blu ray

Il y a des moments où écrire un truc sur un film me parait une entreprise bien compliquée. C'est le cas ici. J'ai vu ce film une douzaine de fois. J'ai donc l'impression de très bien le connaitre, mais j'ai également perdu la fraîcheur du premier regard. J'aurais mille choses à dire mais que beaucoup ont déjà dit. Ce sentiment d'humilité aurait plutôt tendance à me couper les mots, de peur du ridicule, celui de la redite ou de l'évidence. M'enfin, quand on se donne comme règle d'écrire coûte que coûte, quitte à blablater de l'inutile et de l'inconsistant, il est impossible de se défiler.
Alors merdoyons dans les grandes largeurs et commençons par ouvrir les portes ouvertes : c'est un très beau film de Ridley Scott. Cela fait longtemps que je n'ai pas revu "Blade runner", mais cela ne saurait trop tarder. J'ai revu il n'y a pas si longtemps "Alien". Et à chaque fois, on a le sentiment d'être face à un objet de tout premier ordre, façonné par un maitre artisan qui connait son métier et ses ficelles sur le bout des doigts, mais surtout qui cherche à créer quelque chose de beau. Voilà le mot qui revient sans cesse quand on regarde un film de Scott, pourtant d'autres émotions que le simple plaisir de l'esthète viennent vous percuter l'âme.
Et souvent, des émotions qui d'habitude sont diamétralement opposées à l'idée même de beauté y semblent associées de façon tout à fait naturelle. Je pense notamment à la fréquence et l'intensité de la violence. Difficile d'en déduire qu'elle exerce une certaine fascination chez Ridley Scott, ce serait aussi schématique que prématuré en ce qui me concerne, ne connaissant pas assez le bonhomme. Mais c'est vrai qu'en élargissant le champ de réflexion à l'action en général il parait très nettement attiré par elle et par les façons les plus diverses de la filmer.
Finalement, quoi de plus normal dès lors que de filmer le parcours d'un soldat qui devient gladiateur en même temps que conspirateur? Les scènes de combat alternent l'usage de plusieurs procédés visant à esthétiser les mouvements et la netteté des détails. Il ajoute à cette précision visuelle (vitesses, ralentis, filtres, diversité des types de plans, etc.) un soin particulier à enrichir sa bande sonore du fracas de la guerre. Le tumulte des combats est aussi marquant à l'oreille qu'à l'œil. Et le blu-ray est une technologie qui convient parfaitement au spectateur pour profiter de cette mise en scène dans les meilleures conditions.
Outre ces considérations formelles, le film réutilise des thèmes classiques avec une efficacité redoutable. On retrouve d'ailleurs ces grandes interrogations historiques sur le déclin ou la sauvegarde de l'Empire ("La chute de l'Empire romain" d'Anthony Mann). Qu'il soit ici aussi romain n'est pas anecdotique, mais participe d'un habillage exotique particulier qui fascine depuis les premiers instants du cinéma les studios américains ou italiens.
Ce qui importe avant tout cependant, c'est cette idée de résistance à l'oppression, de la liberté chèrement acquise, antiennes qu'on retrouve dans beaucoup de péplums mais qui ici vient rendre encore plus complexe et dense une histoire plus intime et tout aussi classique, celle de la vengeance.
Maximus (Russell Crowe), par esprit vieux républicain, comme par fidélité à la philosophia de Marc-Aurèle (Richard Harris)
conchie le serpent Commode (Joaquin Phoenix), son successeur aussi pervers et violent que l'Histoire Auguste, pro-sénatoriale, aurait pu nous le décrire. Phoenix campe une espèce d'empereur multi-tâches, maculé de toutes les tares répertoriées chez les césars honnis par le Sénat (violent, tyrannique, sans pitié, incestueux, ne reculant devant aucune atrocité pour asseoir sa domination et camoufler sa peur).
Mais si la réalité historique en prend un vilain coup dans les burettes, il faut saluer la synthèse que le film propose, une problématique totalement justifiée par le décalage progressif qui s'est développé entre un Sénat de moins en moins impliqué et un princeps de plus en plus omnipotent.
D'autre part, le scénario résume parfaitement en quelques heures l'idée de déchéance qui a longtemps été l'apanage du destin romain dans la pensée commune. Si elle est à mesurer par rapport à la réalité historique, elle n'en demeure pas moins séduisante à conter et forme le canevas d'une très belle histoire romantique, celle d'un homme qui veut venger la mort de sa femme et son enfant suppliciés par les prétoriens à la solde du césar tout puissant.
Celle qui voit se greffer un autre péril, celle de la sœur de Commode (Connie Nielsen) et le danger qu'il fait peser sur son fils (Spencer Treat Clark) réinscrit la vengeance de Maximus sur un mode plus altruiste.
Le scénario ménage encore une petite place intéressante pour un personnage annexe, celui de Proximo, joué par l'excellent Oliver Reed et qui aborde une autre réflexion, celle de la place de l'individu dans la société. Proximo est un ancien gladiateur, affranchi par Marc-Aurèle qui, au crépuscule de sa vie dédiée à la gladiature, s'interroge sur le sens ultime de celle-ci, sur sa place dans l'enjeu politique qui se joue devant ses yeux. Il est question alors de rachat, de dette, d'honneur et de remerciement mais plus encore, j'insiste sur la place de cet homme dans l'histoire de son monde. C'est une belle réflexion amenée avec brio par l'acteur anglais, grâce à un texte par moments d'une étonnante poésie.
Les comédiens dans leur ensemble proposent parfois de bien jolis numéros d'artiste. On sirote volontiers par exemple la diction de Richard Harris, la contenance bouleversante de Connie Nielsen
et l'extrême expression de folie de Joaquin Phoenix.
J'emploierai un ton moins laudateur vis à vis de Russell Crowe mais dans son registre vengeur et brute de décoffrage, viril et expert, il assure. Indéniable. Il n'y a en fait que les scènes où il doit sourire ou faire le kéké qu'il fait un peu capoter. Comme dit ma femme : "n'est pas Clint Eastwood qui veut". Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il y a du bovin dans son regard mais c'est tentant. Quoiqu'il en soit, on assiste à une belle rencontre entre un acteur et son rôle.
Je ne voudrais pas terminer ma bafouille sans mettre en exergue le poids considérable que la bande musicale de Hans Zimmer exerce sur les charges émotionnelles que véhicule le film. Magnifique, elle rend le film plus émouvant encore et transcende même certaines séquences qui auraient pu, à la limite, paraitre fades. Une participation épicée.
Grand dépoussiérage du péplum.
Trombi:
Derek Jacobi:

Djimon Hounsou:

David Schofield:

Ralf Moeller:

Giorgio Cantarini et Giannina Facio:

David Hemmings:

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