vendredi 24 décembre 2010

La horde sauvage



1969

Titre : The wild bunch
alias : La horde sauvage

Cinéaste: Sam Peckinpah
Comédiens: William Holden - Ernest Borgnine - Robert Ryan - Edmond O'Brien

Notice Imdb

Vu en blu-ray




Mon premier blu-ray, emprunté à la médiathèque Fellini n'aura pas constitué le feu d'artifice visuel que j'espérais. Finalement peu marquant, le dvd Warner est un peu trop baveux sur les mouvements, la netteté des plans fixes ne relevant le tout qu'avec parcimonie.

Sur ce western tardif (1969), Peckinpah s'intéresse au genre, manifestement sous son aspect le plus intestinal, celui de la violence. Elle est au centre du film. Dès le générique on assiste à un drôle de jeu, celui du cirque antique : des enfants s'amusent à regarder un scorpion se faire dévorer par des fourmis rouges. Lors de l'éclatement final, il ne vous échappera pas qu'un des protagonistes majeurs est un enfant armé d'un fusil. Sans concession, le scénario s'enfonce dans le parti-pris frontal de dessiner une société extrêmement cruelle et cynique : le sort du scorpion renvoie à celui d'Angel (Jaime Sánchez) dont le prénom est tout un programme en contraste évident aux motivations longtemps bassement vénales du groupe. Et que dire de la mort d'un des membres de la horde au début du film? Grièvement blessé, William Holden n'hésite pas une seule seconde à l'exécuter. On achève bien les chevaux. La violence des rapports de force qui animent le groupe exige d'évincer l'élément qui montre des signes de faiblesse. Les railleries sur la chute de William Holden suite à la détérioration d'un étrier sonnent comme de tristes menaces et montrent un regard confraternel bien singulier où l'individu tient une place fragile. Force va à la force. La moindre faiblesse peut être le commencement de la déchéance, de la vieillesse. La mort plane sans arrêt sur les vivants.

Dans cette fange, des éclairs d'humanité permettent aux hommes de se révolter. Subrepticement. Mais le font-ils vraiment par honneur ou bien par lassitude? Cette horde sauvage n'est-elle pas fatiguée de ses propres turpitudes? A l'image du cinéma de Sergio Leone, ce film de Peckinpah raconte l'ouest vieillissant, cette époque finissante où les hommes commencent à ne plus être libres et par conséquent exprimèrent leur violence sans retenue. Je ne sais pas s'il s'agit d'un film moral. Peut-on l'affirmer? Peut-être l'est-il par la bande, le rebond du billard? Drôle de film en tout cas, qui semble plus complexe qu'il en a l'air.

Dans le même temps, Peckinpah se sert sans doute de la violence avec une sorte d'outrance jubilatoire, à force de giclées sanguinolentes et de ralentis, avec un montage parfois syncopé, ultra rapide et découpé qu'on finit par se demander dans quelle mesure il n'est pas mû par un certain désir de provocation, à vouloir créer une surenchère d'effets excessifs, produire un malaise chez le spectateur coincé entre la réjouissance d'un spectacle morbide extravagant et le dégout face à cette débauche, afin de démontrer que l'être humain est souvent tenaillé par deux irrépressibles contingences : celle qui gouverne les instincts peu raisonnés, profondément enfouis, proches de l'animal et celle qui lui permet de vivre en société, en bonne intelligence, plus vertueuse et peut-être un peu trop hypocrite parfois. D'une façon un peu perverse, le film titille le spectateur et lui montre ce plaisir qu'on veut croire malsain, comme ces gosses qui se marrent devant le pauvre scorpion bouffé par les fourmis, comme ces soldats qui traînent le corps d'Angel en rigolant. Mais le propos n'est pas sadien, jusqu'au boutiste comme celui de Pasolini dans "Salo". Peckinpah signe une œuvre encore regardable par la majorité alors que "Salo" est à réserver aux cœurs les mieux accrochés.

La horde sauvage s'appuie sur un récit très classique finalement et sur son casting ultra connu, une distribution du tonnerre. Le jeu des comédiens est de très grande catégorie.
William Holden est un très grand et le prouve merveilleusement avec un rôle pas évident de vieux chef de bande usé.

Son acolyte Ernest Borgnine maîtrise. Une scène difficile pour lui et il la passe avec une aisance et une assurance qui laissent pantois d'admiration. Magnifique.

J'avoue à ma grande honte que j'ai mis un sacré foutu temps pour reconnaître Edmond O'Brien. Le bougre a beaucoup vieilli et s'est bien grimé. Méconnaissable.
Le rôle qui est réservé à l'immense Robert Ryan (quel acteur, nom de dieu!) est malheureusement peu présent finalement, une portion congrue qui ne permet pas de profiter comme il se doit de ce gaillard. Légère déception. Pourtant dans ce qu'il a à faire, il fait bien le boulot.

Bref, un très bon western dont je n'ai sans doute pas encore saisi tous les éléments. Je le sens plus profond encore. A revoir peut-être.

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